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BERNHOFT @ LE CAP (20.10.2012)

C‘est officiel, j’aime Le Cap. Pas la ville (encore que, si une bonne âme est disposée à me payer une semaine de villégiature dans ce petit coin d’Afrique du Sud, elle me trouvera tout prêt à réviser ce jugement), la salle de concert. Après une première excursion à Aulnay-sous-Bois pour applaudir Christine & The Queens et les Naive New Beaters dans des conditions très privilégiées, la confirmation est venue samedi dernier, à l’occasion de la venue de l’excellentissime BERNHOFT, soulman Norvégien venu conquérir la France de manière bien moins littérale, et bien plus mélodique, que ses lointains ancêtres vikings. Wilkommen til ni-tre (9-3 quoi), Jarle.

Une fois sur place, je me rends compte que j’ai eu tort de m’inquiéter au sujet du taux du remplissage de la salle. Assez paradoxalement, Bernhoft a attiré bien plus de monde que les « locaux » NNBS, sans doute aidé par ses passages à Taratata et à l’hippodrome de Longchamp (au cours du dimanche très pluvieux qui a clôturé les Solidays, une aubaine pour lui qui jouait sous chapiteau) plus tôt dans l’année. Quoiqu’il en soit, et même si le Cap était encore loin de la saturation ce soir, la salle était au moins deux fois plus remplie que lors de ma dernière visite. Loin d’être assez pour un artiste de la qualité de l’ex leader de Span, mais juste ce qu’il fallait pour me permettre de me positionner au plus près de la scène, sans avoir l’impression d’être un passant s’arrêtant pour regarder un musicien dans le métro.

Ecce Homo Blanco

Ecce Homo Blanco

La soirée étant clairement placée sous le thème du groove, c’est à KUAMEN de chauffer la place à l’aide de son mélange de rock, folk et hip-hop (comme il le définit lui-même), accompagné de trois musiciens dont… Serge Blanco à la batterie! Bon, d’accord, ce n’était pas vraiment lui, à moins qu’il ait demandé à son chanteur d’utiliser un pseudonyme lors de la traditionnelle présentation de fin de set, afin de ne pas provoquer une émeute dans la cité de la Rose des Vents, mais je dois dire que la ressemblance était vraiment frappante. La moindre des choses pour un batteur.

Kuamen donc. Un enfant du pays, comme le directeur du Cap nous l’a rappelé dans son laïus introductif, puisqu’originaire de la ville et soutenu par la salle jusqu’en 2011, date à laquelle il a commencé à faire parler de lui à l’échelle nationale (rencontres et collaborations avec Seyfu, Féfé et Pep’s).
Le premier EP, Entre Les Différences, sorti en Mai 2012, je l’ai survolé sur iTunes avant de partir… et je dois dire que je n’ai pas accroché. Certes, dans l’absolu, ça fait plaisir d’entendre des artistes hip-hop venant de Seine St Denis prêcher la tolérance, l’ouverture d’esprit et le dialogue, plutôt que de faire rouler leurs muscles et d’exhiber leur égo à longueur de morceaux. Mais si l’effort est noble, le résultat donnerait plutôt l’envie de se convertir au gangsta-rap que d’y renoncer définitivement, si Kuamen est la seule alternative que l’on nous propose. En cause, des textes très gentillets (au niveau du Métisse de Yannick Noah), dans lesquels la poésie est souvent éclipsée par la lourdeur et la maladresse des formules utilisées, et surtout, un flow aussi traînant que celui de Kery James. Certains aiment, moi pas.

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Heureusement, l’exercice du live a permis à Kuamen de prouver que ses chansons valaient mieux que ce qu’en laissait penser l’écoute de l’EP, sans toutefois faire péter le cadran d’awesomeness (ni vraiment affoler l’aiguille). Coiffé d’un bonnet qui le faisait franchement ressembler à Marvin Gaye, illustre influence d’ailleurs évoquée dès le premier morceau, Kuamen n’a pas ménagé sa peine, et semblait tellement content de jouer à la maison que seul un chroniqueur aigri jusqu’au trognon aurait pu descendre sa performance en flèche. Bref, rien de vraiment enthousiasmant, mais rien de totalement rédhibitoire non plus. Souhaitons au « petit » (d’après les paroles d’une de ses chansons, il est capable de dunker… pas mal pour un type qui se considère comme un Passe-Murailles*) gars d’Aulnay de continuer à envoyer des bonnes ondes à son public, et de progresser dans son songwriting. Trace ta route mec.

*: Je ne regarde plus Fort Boyard mais je me tiens au courant des changements de casting.

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La suite de la soirée fut nettement plus convaincante. Seul en scène comme à son habitude, c’est un Bernhoft tout de noir vêtu qui se présenta devant le public du Cap, souriant d’un air étendu derrière ses énormes lunettes. Petite surprise: il s’est séparé de son emblématique crête capillaire, pour un résultat tout à fait costellien. Je ne vais plus pouvoir faire de blagues sur lui à base de brosse à dents. Destin cruel.

Le soulman de Nittedal est un demi-dieu du loop et possède une voix incroyable, tout le monde vous le dira. Mais assister à un de ses concerts, c’est également se rendre à quel point le bonhomme est drôle, à mille lieues du cliché présentant les scandinaves comme des individus hiératiques et détachés de tout. La première chanson à peine terminée, Jarle demanda ainsi à la foule de lui dire comment se prononçait Aulnay-sous-Bois, connaissance qu’il mit plusieurs fois à profit au cours du set, notamment lors d’un intermède drolatique au cours duquel il nous bricola un petit morceau a cappella à base d’ « Aulnay-sous-Boaaaa » déclinés à toutes les sauces.

Humble et suprêmement généreux, Bernhoft a servi aux deux cent privilégiés du Cap sa recette si particulière de soul, de pop et d’electro pendant une prestation sans fausses notes ni temps morts, insufflant vie à ses compositions sous nos oreilles émerveillées en superposant les boucles de voix, percussions, guitares et pianos avec une virtuosité et une facilité ahurissantes. Alternant entre morceaux  enlevés, comme C’mon Talk, Choices ou So Many Faces et moments de grâce (Stay With Me, Space In My Heart), l’incroyable homme-orchestre du grand nord nous a entraîné dans un périple spatio-temporel effréné, débutant dans le Détroit de la Motown au tournant des années 70 et s’achevant dans l’Angleterre des Hollies et de Tears For Fears. La musique de Bernhoft est à l’image de la « sleek, efficient space machine » décrite dans Buzz Aldrin (qu’il n’a pas joué d’ailleurs, dommage), un formidable moyen de voyager à travers les époques et les styles maîtrisés et revisités par le génial binoclard. Drittbra.

À gauche, Bernhoft joue du « bastar », instrument hybride entre la basse et la guitare (depuis le temps que je voulais la faire, celle-là!).

Après une heure et quart de haute volée, Jarle prend enfin congé de son monde sous un tonnerre d’applaudissements bien mérités. Il ne viendra pas à la rencontre des fans comme les Naive New Beaters l’avaient fait deux semaines plus tôt, mais on ne lui en tiendra pas rigueur, même si une petite dédicace sur mon exemplaire de Solidarity Breaks n’aurait pas été de refus. La navette du Cap nous ramène à la gare de Villepinte (ça, j’adore!), où, miracle, des RER circulent toujours. J’aime quand un plan se déroule sans accrocs, et que je ne suis pas obligé de rentrer en taxi jusqu’à mes pénates (ce qui plombe singulièrement la note de la soirée, et relativise le prix riquiqui des places).

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Bref, encore une soirée très agréable passée à Aulnay-sous-Bois, qui s’impose de plus en plus comme une destination de premier choix pour tous les aficionados de musique live détenteurs d’un passe Navigo ou Imagine R. Le grand Paris, c’est ça aussi.

SOLIDAYS 2012 – JOUR 3 (Dimanche)

DIMANCHE

À la différence des deux jours précédents, je reviens à Longchamp le dimanche accompagné. Si si, ça change des trucs, ne serait-ce que parce qu’il (Bon Dieu que c’est moche comme tournure de phrase) est plus difficile de trouver un compromis valable entre les goûts musicaux de 4 personnes que d’une seule (et même ça parfois, c’est dur).
Autre changement majeur, la météo, qui accuse franchement le coup après deux jours estivaux. C’est un ciel plombé et menaçant qui accueille donc notre petit groupe à la sortie de la navette, mais avec l’insurpassable K-Way au chaud au fond du sac à dos, pas de raison de s’inquiéter outre mesure. Qui sait, peut-être que le vent chassera tous ces nuages d’orage avant GARBAGE (assonance en « age », 18 points)?

Côté programmation, c’est pas l’emballement non plus. Je connais vaguement la plupart des artistes, mais aucun  ne me tente particulièrement, mis à part le singulier BERNHOFT, dont la coupe de cheveux brosse à dents et la maîtrise du Jam Man ont emballé le jury du Spellemann Prisen (l’équivalent Norvégien de nos Victoires de la Musique) au point que ce dernier a couronné le fringant Jarle Meilleur Artiste Masculin 2011. Contrairement à nos latitudes, la compétition entre les artistes de l’excellente scène norvégienne (voir la revue du Steinkjerfestival 2012) est féroce, et se voir décerner une telle récompense est forcément révélateur d’indéniables qualités. Le créneau de 19h étant donc booké, ne restait plus qu’à s’occuper avant et après notre balade programmée en terre viking.

L’appel de l’élastique se révélant trop fort pour la moitié du groupe (malgré une queue toujours aussi impressionnante en dépit de la fine bruine qui avait commencé à tomber dès nos premiers pas dans l’enceinte du festival), nous fîmes ce que tout groupe digne de ce nom fait dès lors que ses membres démontrent de trop fortes divergences artistiques : nous splitâmes (it’s passé simple time!).
Pas assez tôt pour arriver à l’heure au show des LOUD CLOUD, sympathique duo guitare-batterie en chemise à fleurs (on reste assez loin des Black Keys tout de même) sous le chapiteau Circus, mais à l’heure pour le lancement du concert des A FREAK IN SPACE à Domino.

Si j’étais mauvaise langue, je dirais que la foule considérable réunie sous la toile étoilée était plus là pour se mettre à l’abri de la pluie que par pure conviction musicale, mais le malheur des uns faisant le bonheur des autres, je suis content que les quator orienté « alien pop et psychogroove » (merci au site du guitariste Eric Löhrer, j’aurais eu du mal à sortir ce descriptif moi-même) ait pu faire le plein grâce/à cause de la météo.
Je dis quator et non pas trio, car aux trois musiciens du groupe est venue se greffer par intermittence (une chanson sur deux) une danseuse-mascotte répondant au doux nom de Rosie, compensant largement par son énorme… charisme le peu de présence scénique de ses acolytes.
Serrés comme des sardines dans une étable (si si), on se sèche un peu à la chaleur humaine dégagée et on esquisse même quelques pas de danse, mais l’ambiance ne décollera pas vraiment avant notre départ pour Bagatelle où l’express Bamako-Paris de 16h demande la permission d’atterrir.

A son bord, le couple d’Africains le plus bankable du moment, AMADOU & MARIAM. Musicalement parlant, j’ai du mal à concevoir comment on peut mettre le monde à ses pieds avec une bluette comme Dimanche à Bamako, chanson certes sympathique, mais franchement quelconque. J’ai ma petite théorie sur la success-story de nos amis les Maliens, qui tiendrait plus (selon moi) de la politique de discrimination positive mise en place par les ayatollahs de la critique musicale que du caractère novateur des morceaux proposés par le tandem. Moi, cynique et désabusé? Mais tout à fait!
Mais il ne s’agissait pas pour autant de juger l’affaire avant d’avoir entendu  le plaidoyer de la défense. Et en embuscade au premier rang, on n’en a pas raté une miette.

Précédé de leurs musiciens et choristes, le couple star arrive sur scène à l’heure dite sous un fin crachin évoquant plus une fin d’automne à Plougastel qu’un début d’été à Gao, mais l’accueil du public de Bagatelle est tout de même chaleureux.
La première demi-heure du set s’écoule à un rythme tranquille, même si Amadou commence sérieusement à me taper sur les nerfs en demandant « est-ce que ça va? » à la fin de chaque morceau. Man, il pleut, il fait (assez) froid et le sol est en train de se transformer en champ de boue, mais à part ça, tout baigne.
Il paraît qu’Alice Cooper s’est renversé un seau d’eau sur la tête lors de son passage au Hellfest cette année pour se mettre sur un pied d’égalité avec son public. On n’attend pas la même chose de Mr et Mme Bagayoko que du Prince of Darkness, œuf corse, mais coupés du vent et de la pluie par la structure de la scène et réchauffés par les spots, on ne peut pas dire qu’Amadou et Mariam sont en osmose avec leur dévoué public.

Heureusement, le temps décide de s’en mêler, et les quelques gouttes du début du concert se transforment en hallebardes, et cette fois, tout le monde en profite.
Nos invités réalisent vite que le dimanche à Longchamp, c’est le jour de l’essorage, et sont prestement rapatriés par leur staff vers l’intérieur de la scène. Je crains pendant un moment que la saucée vienne mettre fin au concert avec un peu d’avance, mais le Doc Watson de Bamako nous laisse le choix : « vous voulez que l’on continue ou pas? ». Question rhétorique et réponse évidente, mais qui le fait remonter dans mon estime.
Les 20 dernières minutes sont également l’occasion pour lui de faire étalage de son talent de guitariste (même s’il faudrait que quelqu’un se dévoue pour lui dire que les grattes plaqués or, même Prince n’ose plus en sortir), et malgré les éléments, le show finit bien mieux qu’il n’a commencé, avec l’inévitable Dimanche à Bamako en clôture. Pas de quoi dynamiter un mausolée à Tombouctou non plus.

La grille de programmation étant curieusement vide à 17h (sans doute afin de faire converger le public vers la scène Paris pour la cérémonie du Patchwork) et la pluie ne faisant pas signe de faiblir, l’heure est propice à une pause casse-croûte à l’un des nombreux stands de nourriture du village du festival. Quoi de mieux qu’une collation éthiopienne, haïtienne ou vietnamienne pour oublier que cet été 2012 est vraiment pourri? Détrempé et piétiné par des dizaines de milliers de pieds, le sol est devenu une mare de boue digne des tranchées de la Somme à l’automne 1916, et bien peu nombreux sont les festivaliers assez altruistes pour aller écouter les témoignages de diverses associations invitées à s’exprimer sur leurs actions contre le VIH. Qu’on se le dise, la solidarité est un concept qui marche surtout quand il fait beau.

Mis à part les fans acharnés  de TIKEN JAH FAKOLI qui rêvent du soleil du soleil d’Odienné et des plages de la Jamaïque en attendant l’arrivée du rasta ivoirien à 18h, le reste du public essaie tant bien que mal de se trouver une place sous l’un des trois chapiteaux en attendant que le temps s’améliore, sans se montrer trop difficile sur les artistes devant s’y produire. Je peux me porter garant qu’ARTHUR H a fait tente comble lors de son passage, reléguant les retardataires, dont notre petit groupe, sous la toile du Dôme, où Bernhoft est attendu une heure et demie plus tard. Qu’importe la tente/l’attente, ici le sol est sec, et même s’il fait trop humide pour pouvoir espérer sécher convenablement, personne ne sentait prêt à braver l’averse pour aller voir si c’était mieux ailleurs.

Quand arrive enfin 19h, Jarle est accueilli par un public compact d’une neutralité bienveillante : il y avait fort à parier que seule une minorité était vraiment familière du répertoire du soulman d’Oslo, mais tout le monde était prêt à lui donner sa chance.
Seul en scène avec ses guitares, son clavier et son fidèle Jam Man, Bernhoft livre un concert époustouflant de maîtrise et gorgé de good vibes. C’est toujours fascinant de voir un morceau, une ambiance, se construire progressivement depuis un simple rythme frappé sur la caisse d’une guitare jusqu’à une symphonie étourdissante de boucles instrumentales et vocales. Il faut le voir pour le croire (et surtout pour réaliser que oui, il fait vraiment tout tout seul, ce qu’on a tendance à oublier quand on écoute l’album), filez donc jusqu’aux bureaux de MIC à Oslo, où Jarle vous attend pour un showcase privé.
Le show se termine avec une reprise du Shout de Tears for Fears scandée en chœur par le public (enfin, surtout le « Shout Shout » du refrain, le reste des paroles de Roland Orzabal étant réduit en pulpe – ça doit être pour ça que l’on dit « chanter en yaourt »-) à la sauce Bernhoft, c’est-à-dire bien plus groovy que la version originale de l’hymne new wave.
Visiblement content de lui et ravi de l’accueil que lui a réservé le Dôme, Bernhoft s’en va avec un grand sourire, laissant sa machine infernale finir le spectacle seule dans une dernière série de loops. La classe.

À la sortie, miracle, il ne pleut (presque) plus. Bon, pour la boue, on ne pourra pas faire grand-chose à part se rouler de dedans (et certains l’ont fait), mais au moins le concert de CHARLIE WINSTON peut se dérouler dans des conditions à peu près correctes. On est dimanche soir et c’est mon premier concert sur la grande scène, comme quoi, les têtes d’affiche, on peut très bien s’en passer. Grâce à l’écran géant qui flanque l’estrade surélevée, pas besoin de s’aventurer dans le marigot des premiers rangs pour éviter de jouer à Où est Charlie à Solidays, ce qui est toujours appréciable.
D’un point de vue personnel, j’ai suivi d’un œil et d’une oreille distraite le lancement du dernier album de Charlie, alors que j’ai exploré de fond en comble son Hobo. Résultat, je découvre les nouvelles compositions autant que je retrouve les « anciennes », avec une préférence marquée pour ces dernières. Honnêtement, on ne peut pas dire que Where Can I Buy Happiness ou Hello Alone  tiennent la comparaison face à des chansons du calibre de Like A Hobo, In Your Hands ou Generation Spent, qui servira de dernière cartouche (effet dum-dum) pour le bref rappel de Charlie et sa bande. Un bon concert, qui aurait été encore meilleur si la météo avait joué le jeu.

Pas le temps de souffler que déjà retentissent dans le lointain les rugissements courroucés du jaguarr de St Denis. Du calme Didier, on s’en vient. Adepte de la Bagatelle, l’ancien NTM est déjà à pied d’œuvre lorsque nous arrivons, haranguant ses nombreux fidèles dans son style bien particulier de sa voix bien particulière.
Guère amateur de rap en temps normal, je dois tout de même reconnaître que Joey a une énergie peu commune et que son show n’est pas réservé aux seuls initiés : il suffit de savoir osciller la tête de bas en haut, hurler et lever le poing quand  il le demande –souvent- pour être intégré dans la Starrmy. Impossible cependant de comprendre ce que lui et son acolyte racontent dans leurs morceaux, ce qui est un peu embêtant pour un chanteur à textes comme lui (oui, ça fait drôle de l’écrire mais JOEY STARR est bien un chanteur à textes, comme Bob Dylan), tant les beats balancés par Eaque, Minos et Rhadamante, les trois DJs infernaux tapis au fond de la scène, remplissent les tympans.
La seule accalmie viendra du featuring express d’Oxmo Puccino sur un titre dont j’ai oublié le nom. À côté de la hargne et des kilomètres avalés par Joey lors de ses allers-retours incessants d’un bout à l’autre de la scène, Oxmo fait figure de vieux sage posé débitant son flow avec une économie de mouvements plus proche du slam que du rap. On en aurait presque peur pour lui, Starr semblant capable de virer berserk à tout moment, mais le Black Jacques Brel repartira indemne de son cameo.

À 22h, retour à la grande scène pour le dernier acte de ce week end festif. Le temps s’est remis au beau et il est l’heure de sortir les ordures.
Emmené par sa passionaria rousse, très curieusement vêtue (doudoune sans manches, collants noirs et short-culotte rouge) pour l’occasion, le quator de Madison joue très fort ses chansons: même positionné au niveau de la régie, les bouchons d’oreilles sont les très bienvenus. N’étant pas un expert du groupe, je suis content qu’ils choisissent de jouer les deux seules chansons que je connais, I Think I’m Paranoid et Stupid Girl avant 22h45, heure à laquelle il nous a fallu quitter Longchamp, considérablement lestés de boue, à moitié trempés, fourbus mais ravis. Car comme les bénévoles nous l’ont chanté à la sortie, en guise d’ultime concert avant de retrouver la navette, ce n’est qu’un au revoir.

VERDICT

Ce weekend passé à l’hippodrome restera un très bon souvenir, malgré le déluge enduré dimanche. Même si je connaissais une bonne partie des artistes programmés cette année (et c’est ça qui m’a fait venir) et n’ai fait qu’une seule découverte vraiment emballante durant ces trois jours, je crois que je n’hésiterai pas à être un peu plus aventureux l’année prochaine et à retenter le coup même si je ne connais personne. Pour 39 euros les trois jours (je serai plus réactif la prochaine fois!), on peut se permettre d’y aller sans gros coup de cœur préalable.
Seuls petits bémols (en plus du programme à acheter sur place), la pseudo interdiction d’apporter des appareils photos, totalement ignorée par la moitié des festivaliers au bas mot, mais qui m’a quand même incité à ne pas prendre le mien (d’où la qualité médiocre des images, je m’en excuse), et les prix assez salés pratiqués sur les stands de nourriture (rien de bien consistant en dessous de 8 euros, ça fait cher).
Pour le reste, un grand bravo et merci à l’organisation, aux bénévoles et aux artistes qui ont offerts aux quelques 162.000 festivaliers + moi un festival d’excellente facture.