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INDIANS @ LE POINT ÉPHÉMÈRE (13.02.2013)

F comme Février. F comme Festival. F comme Fireworks. F comme FMR. Et F comme Froid. Le canal Saint Martin s’était paré d’une certaine mystique (glaciale, la mystique) lors de la soirée d’inauguration de la seconde édition du Fireworks! Festival (du 13 au 24 Février). Un évènement bien sympathique, et déjà incontournable malgré son jeune âge, tant il est vrai que le besoin de bons concerts en hiver est inversement proportionnel à l’ensoleillement durant cette période de l’année (autrement dit, plutôt élevé). Bon, c’est pas encore by:Larm* cette affaire, et ce ne le sera sans doute jamais, mais on ne peut que se féliciter des efforts de l’agence Super! pour attirer à Paname « l’avant-garde musicale internationale », avec d’ores et déjà quelques jolies prises. Et comme la tête d’affiche du soir était inscrite dans le double cursus (accéléré, voir plus bas) Paris/Oslo, il aurait été malvenu de passer à côté de cette heureuse concordance. En piste.

*: Tu vois le MIDEM de Cannes (si tu ne vois pas, c’est une sorte de festival où se rassemble l’industrie musicale pour faire son marché)? By:Larm fonctionne sur le même principe, mais dure plus longtemps et invite plus d’artistes. Bref, c’est mieux.

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ZoomPas grand monde à la porte du Point Éphémère pour l’ouverture à 20h. Il faut dire que la programmation du jour était réservée aux initiés et aux curieux, deux catégories de spectateurs guère réputées pour leurs effectifs pléthoriques. L’absence des uns faisant le bonheur des autres, il fut en conséquence ridiculement facile pour votre serviteur de se placer au premier rang, prêt à dégainer son vénérable appareil photo numérique pour immortaliser grossièrement les meilleurs moments de la soirée, et surtout, pour tester dans des conditions optimales du nouveau matos, en l’occurrence le fameux Zoom H2N, enregistreur de poche à la réputation flatteuse (et au prix assez raisonnable, ce qui ne gâche rien).
Malgré une interface et une ergonomie visiblement pensée pour permettre sa bonne utilisation même par un bonobo alcoolisé et mentalement déficient (comprendre que la bête a peu de boutons et qu’ils sont tous d’assez bonne taille), j’étais assez pessimiste quant à mes chances  de revenir au bercail avec un résultat satisfaisant, mon processus d’apprentissage pour tout bidule électronique un tant soit peu avancé relevant en général de l’empirisme le plus laborieux (comprendre que je me dois de faire toutes les erreurs de manipulation imaginables au moins une fois pour être sûr de ne pas les réitérer dans le futur). Bref, malgré une étude studieuse du manuel d’utilisation et des tests préalables concluants,  j’avais peu d’espoir de repartir du Point Éphémère avec un souvenir impérissable de la soirée. En cela, j’avais tort. Enfin, seulement à moitié tort..

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Glass Animals 12²Sur scène, les instruments de GLASS ANIMALS, quatuor anglais, possiblement londonien (les informations sur le groupe sont rares), attendaient patiemment que leurs propriétaires donnent le coup d’envoi du festival. Les patchworks aux motifs orientaux qui recouvraient les deux synthétiseurs disposés sur l’estrade laissaient planer sur la salle une ambiance mystérieuse, à l’image de l’artwork de Leaflings, objet musical intrigant et premier EP (et seul à date) du combo. Amateurs de gros son, passez votre chemin, car c’est sur les terres brumeuses du trip hop que ces animaux de verre ont choisi de s’ébattre. Vous êtes prévenus.

Menés par un chanteur guitariste à la dégaine franchement bonoesque (bonoïenne? whatever) et à la voix de velours, le groupe déroula un set proprement habité, au point que les spectateurs du Point Éphémère n’osèrent applaudir qu’après qu’ils aient été explicitement encouragé à le faire par le dit frontman. D’un minimalisme étudié et élégant, les compositions de Glass Animals sont le genre de morceaux que l’on aime entendre dans le taxi qui vous ramène d’une soirée mémorable aux petites heures de la nuit (c’est précis comme description, hein?). Si j’étais mauvaise langue, je dirais qu’elles sont ce que les XX auraient voulu réussir à faire s’ils en avaient eu les capacités. Ah bah tiens, je l’ai dit*. Bref, la classe au dessus, quelque part à la confluence de Portishead, Tricky et du Nightcall de Kavinsky. D’ailleurs, si le Driver de Nicolas Winding Refn a survécu à ses blessures, ça ne m’étonnerait pas qu’il écoute Leaflings dans sa tire en rentrant du turbin.

Glass Animals 13²

Notez le magnifique coing (factice) en bas à gauche. Pas utilisé une seule fois durant le concert. Sans doute un porte bonheur.

Très concentrés sur leur affaire, les quatre compères s’attachèrent à rendre le plus fidèlement possible la presque intégralité de leur première galette (soit trois titres sur quatre) dans les conditions du live, chose qu’ils réussirent plutôt bien, même si le trip hop n’est pas vraiment le genre le plus « gig-friendly » du spectre musical, surtout lorsque le public bavarde. Difficile en effet de s’immerger totalement dans les ambiances diaphanes et complexes distillées au quart de décibel près par le groupe sur scène lorsque vos voisin(e)s discutent de leur projet de Saint Valentin avec une discrétion toute relative. En plus des Golden Antlers, Dust In Your Pocket et Cocoa Hooves déjà bien connus du public (nan je déconne), nous eûmes de plus droit à une visite guidée du futur catalogue de Glass Animals, et  je peux d’ores et déjà vous affirmer que leur prochain single répondra au doux nom de Black Mambo. Ça c’est de l’exclu mon petit père. Par contre, en ce qui concerne les quatre autre morceaux du set, les titres donnés dans la setlist ci-dessous sont à prendre avec des pincettes, puisqu’il s’agit à chaque fois d’une savante supputation de ma part (les titres incriminés sont suivis d’un (?) du plus bel effet). Remerciez d’abord mon (désormais) indispensable et (je l’espère) fidèle H2N, qui, s’il n’a pas enregistré un bootleg d’une qualité légendaire pour son galop initial (et la faute m’en revient entièrement), m’a au moins permis de réécouter le concert dans des conditions suffisamment bonnes pour que je puisse hasarder quelques propositions. Cheers.

*: Et je le pense.

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Setlist Glass Animals:

1)Golden Antlers 2)Dust In Your Pocket 3)I Follow Soon (?) 4)I Smile Because I Want To (?) 5)Hatchet (?) 6)Cocoa Hooves 7)Black Mambo 8) (You Can’t Run So) You Must Die (?)

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La deuxième partie de la soirée revint à l’un des artistes les plus intraçables de notre époque, un certain Søren Løkke Juul, plus connu (encore que) sous le nom de scène d’INDIANS. Un pseudonyme des plus fun dès lors qu’on en vient à la question du « comment je trouve ce type sur internet », vous en conviendrez. Pour avoir sué sang et eau pour parvenir jusqu’à son site officiel*, après avoir découvert le bonhomme en première partie de Perfume Genius il y a quelques mois, j’espère que vous apprécierez à sa juste valeur le cadeau que je vous en fait en vous déposant le lien approprié tout cuit dans le bec. En plus, il marche (je suis trop bon).

"Indians is looking forward to meeting you" (site officiel).  Oui, il en meurt d'envie, ça saute aux yeux

« Indians is looking forward to meeting you » (site officiel). Oui, il en meurt d’envie, ça saute aux yeux

Mais que voulez vous, une fois que l’on a goûté à la musique d’Indians, impossible de lui tenir rigueur d’être si dur à trouver sur le wide wild web. Cocktail heureux de nu-folk et d’electro, petite merveille mélancolique placée sous l’étoile du DIY, l’œuvre de Mr Juul provoque à l’écoute une poussée de spleen positif immédiate et prolongée. Bien sûr, il faut aimer ces épisodes contemplatifs pendant lesquels l’âme semble aller faire un tour dans un monde plus romantique (au sens littéraire du terme hein) que le nôtre le temps d’un morceau, d’un album ou d’un concert, et qui laisseront septiques plus d’un adepte de punk ou de rap, mais pour les amateurs de ces petits  voyages immobiles, les morceaux d’Indians sont de la came de premier choix,. Il suffit d’ailleurs d’un simple coup d’oeil à la tracklist de son premier album, Somewhere Else**, pour se convaincre de la forte teneur en onirisme et restlessness (indeed n’est-ce pas) de l’objet: I’m Haunted, Magic Kids, Reality Sublime… sans oublier la chanson titre, bien sûr.

Indians 6²Venu seul à Paris (son groupe étant resté à Oslo dans l’attente de sa participation à by:Larm le lendemain du concert au Point Éphémère), ce fut donc seul en scène qu’Indians accomplit son office, accompagné d’un attirail de synthétiseurs et de pédales loops qui aurait fait la fierté de Bernhoft (autre talentueux homme-orchestre venu du Nord), et d’une guitare empruntée pour l’occasion à une connaissance parisienne. Parfaitement à l’aise dans cet exercice solitaire, peaufiné au cours d’une longue tournée américaine effectuée en compagnie des excellents Other Lives, Indians entraîna en un tour de main son public dans une déambulation au pays de l’aube éternelle/du crépuscule suspendu (selon l’humeur).
Débuté par un brelan de claviers (New, Bird, Magic Kids), le set se poursuivit ensuite par une paire de guitare (I’m Haunted, Cakelakers), pour se terminer comme il avait commencé, dans de l’electro rêveuse grand cru (Reality SublimeLips Lips Lips). Et c’en fut fini (enfin, presque). Déjà? Et oui.

Car s’il fallait mettre un bémol à la performance de notre Danois évanescent, ce dernier soulignerait sans doute l’absolue brièveté de sa prestation, qui ne comprit en tout et pour tout que huit morceaux, étalés sur quarante minutes. Certes, il s’agissait là du concert solo d’un artiste au catalogue encore limité, mais un petit supplément (au hasard, La Femme ou Somewhere Else. Ou les deux, soyons fous) n’aurait pas fait de mal. Mon impression à la sortie fut celle d’un show tronqué afin de permettre à son interprète d’attraper un avion pour Oslo à temps pour participer à by:Larm lendemain. Une bonne opération pour tout le monde sauf pour le public, qui était en droit d’espérer une soirée un peu plus longue vu le prix des places (entre 13 et 15 euros). Un constat d’autant plus rageant que tout aurait pu rentrer dans l’ordre avec des horaires de passage légèrement avancés. Pouce rouge.

Indians 19²Mais cette conclusion précipitée fut rendue plus douce par un « rappel » (« il me reste une chanson, je peux sortir de scène, attendre un peu et revenir vous la jouer, ou faire ça tout de suite… Ok on fait ça ») au cours duquel Indians joua un nouveau morceau, This Moment, bien plus énergique (toute proportion gardée, le headbanging frénétique étant encore à des années lumières) que ceux présents sur Somewhere Else. Une bien belle manière de clôturer les festivités, même si je ne considérerai l’ardoise de Mr Juul comme définitivement effacée que le jour où il donnera un concert d’au moins une heure dans une salle parisienne de son choix. Et sache mon petit Søren que j’ai la mémoire longue et la rancune tenace. À bon entendeur…

*: Site officiel dont l’url joviale et subtilement narquoise (www.heyimindians.com) me laisse à penser que notre gaillard a volontairement choisi son alias pour ses évidentes qualités anti moteurs de recherche. Une démarche aussi intéressante artistiquement parlant que casse-gueule sur le plan commercial.

**: Album dont il informa le public de sa récente parution (fin Janvier 2013)… mais ne donna pas le nom. Avouez que ça aurait été trop facile de remonter jusque lui s’il l’avait fait.

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Setlist Indians:

1)New 2)Bird 3)Magic Kids 4)I’m Haunted 5)Cakelakers 6)Reality Sublime 7)Lips Lips Lips 8)This Moment

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Ce fut donc ainsi que se termina le premier acte du Fireworks! Festival 2013, à l’heure fort civile de 22h20. Pas très rock’n’roll ça. Restait la satisfaction d’avoir passé une fort belle soirée en compagnie d’artistes prometteurs, et la certitude d’arriver à temps à Montparnasse pour attraper un train pour la banlieue. Et, cerise sur le gâteau, je me suis aperçu après coup que mon enregistrement de la prestation d’Indians était tout à fait honorable, comme en témoigne le petit montage vidéo réalisé pour illustrer ‘This Moment’. Mes critères de satisfaction baissent peut-être avec le temps, mais j’avoue que sur le coup, ça a suffi à faire mon bonheur. Cheers.

PERFUME GENIUS @ LE CAFÉ DE LA DANSE (13.09.2012)

Moins de 24 heures après l’avoir quitté, il est déjà temps de retourner dans un Café de la Danse confortablement rempli et habillé pour l’occasion de montagnes cartonnées dont les arêtes aigües ont été symboliquement soulignées à l’aide de chatterton noir bible. L’Eldorado Music Festival est sur le point de commencer, et comme il est de notoriété publique que la légendaire cité dorée se terre quelque part dans le nord de la Cordillère des Andes, autant commencer à grimper le plus tôt possible. Première étape d’un périple de cinq jours, au terme duquel les (rares) survivants pourront prendre le thé en compagnie de l’ex-insaisissable Graham Coxon, grand prêtre Chibcha intérimaire; la balade de ce soir du 13 Septembre promettait d’être riche en émotions et en fragrances exotiques, puisque confiée aux bons soins du petit prodige tourmenté de Seattle, PERFUME GENIUS. En route camarades.

Les régions à traverser pour arriver à bon port étant toujours aussi sauvages et imprévisibles qu’au temps de ce bon vieux Willy Raleigh, c’est avec soulagement que nous vîmes s’avancer sur la scène les guides autochtones promis par le dépliant. Double surprise cependant: INDIANS n’est pas constitué d’une demi-douzaine de solides gaillards basanés en ponchos et bonnet péruviens, soufflant dans des flûtes de pan sous le regard philosophe d’une paire de lama. Pas du tout. Indians est un danois solitaire portant chemise blanche et pantalon noir, qui arrive depuis les coulisses avec un sourire timide et une guitare sèche. Et sans lama. Incompréhension.

Sans se laisser démonter, voilà notre homme qui ouvre les hostilités depuis la console où une paire de synthétiseurs n’attendaient que le moment de signaler à notre groupe le départ  pour l’inconnu. Et nous voilà partis pour trente minutes de pérégrinations entre les ruissèlements de notes cristallines et les nappes brumeuses exsudés par les claviers sus-nommés, parfois entrecoupés de quelques bourrasques de guitare, le tout surmonté par la voix rêveuse de notre sherpa de Copenhague. À la manière d’un Loney, Dear superposant les loops jusqu’à obtention d’un morceau assez charpenté pour pouvoir s’y aventurer à poser la voix, Indians peint ses tableaux musicaux sous l’oreille du spectateur avec une maîtrise impressionnante pour un artiste dont le premier concert ne remonte qu’à février dernier. On comprend pourquoi le label 4AD, pourvoyeur de pépites atmosphériques depuis plus de trente ans (Bon Iver, Grimes, Mark Lanegan Band…), a signé le bonhomme.

Une vraie belle découverte, qui n’avait malheureusement apporté avec lui que des singles 7 ». Un parti-pris artistique qui se défend mais peut-être contre-productif pour un artiste à la notoriété encore archi-confidentielle (bien aidé en cela par un nom de scène qui semble avoir été choisi pour mettre en échec les moteurs de recherche*), et à qui je conseille amicalement de tirer quelques exemplaires CDs de son premier EP, à destination des fans n’ayant pas/plus de platine chez eux (on peut récupérer I’m Haunted gratuitement sur son site ceci dit). Espérons que tout sera rentré dans l’ordre la prochaine fois que j’irai le voir en concert. Car il y aura une prochaine fois, ça oui.

*: Allez-y, tapez « Indians+Music » sur google, iTunes et Spotify, pour voir. C’est marrant (au début). Le site en question, le voici: lien qui va bien. De rien.

Après la demi-heure de battement réglementaire, un public visiblement impatient d’entrer le vif du sujet finit par invoquer le génie des parfums sur scène à force d’applaudissements. Et d’arriver sur scène, précédé par ses deux musiciens, ce drôle d’oiseau à la grâce maladroite et nerveuse. Talons, collants et un long et étroit T-shirt descendant bien en dessous de la taille en une espèce de jupe de coton noir. Antony Hegarty, lors de son passage à la Salle Pleyel en Juillet 2009, avait lui opté pour une ample robe de soirée crème et un vison (qui s’était révélé être un chat): si la filiation entre les deux artistes peut sembler évidente, il manque encore à Perfume Genius l’assurance et la décontraction du leader des Johnsons. Là où ce dernier avait mis le public de l’auguste temple du classique à Paris en confiance d’un sourire malicieux et d’une anecdote racontée avec une honnêteté désarmante, le premier n’a cessé de nous lancer des regards anxieux, sans que l’on sache trop si cette angoisse était causée par le risque d’une incompréhension de notre part envers  sa musique ou sa tenue. Sans doute un peu des deux. Il nous avouera à la fin du concert entretenir une relation particulière avec la caféine, et ne pas s’être attendu à ce que tant de monde se déplace pour le voir jouer, ce qui explique sans doute bien des choses.

Le plus petit batteur du monde!

« Cathartique » est sans doute le qualificatif qui correspond mieux à la musique de Perfume Genius. Entre ses addictions diverses, son hyper-sensibilité et son homosexualité flamboyante, on se doute que la vie n’a pas du être rose tous les jours pour le kid de la banlieue de Seattle. Enregistrées directement depuis sa chambre, les chansons de son premier album, Learning, sont une série de courts poèmes sobrement mis en musique, un cadre minimaliste sur lequel flotte une voix hésitant entre fragilité et assurance, que le timbre et les vibratos pleins de larmes refoulées situent à mi-chemin entre l’Antony Hegarty déjà cité et le Dave Gahan de la fin des années 80. Les instrumentations plus riches de Put Your Back N 2 It, sur lequel guitare, batterie et synthétiseur accompagnent (parfois) le piano dans ses évocations douloureuses, constituent donc plus une évolution permise par le succès du premier opus qu’une révolution de la musique de Perfume Genius. Adeptes de la franche rigolade, passez votre chemin.

Assister à un concert de Perfume Genius, c’est aussi, outre le fait de se confronter à des morceaux aussi pathétiques que magnifiques, et qui le deviennent encore plus de par la magie du live, être témoin de la relation symbiotique entre l’artiste et son compagnon de vie et de scène,  Alan Wyffels. Le calme olympien du second contraste en effet fortement avec la tension nerveuse du premier, dont les nombreux coups d’œil furtifs en direction du côté droit où Wyffels assurait les parties de synthé et les chœurs n’ont cessé qu’au moment où ce dernier est venu rejoindre son « protégé » le temps d’un quatre mains (Your Drum) touché par la grâce.

Malgré cette complémentarité quasi-fusionnelle, il y eut également des morceaux pour lesquels Perfume Genius fit le choix de la performance solitaire, dépouillement qui ne fit souligner son incroyable voix et lui permit de s’approprier sans difficulté les deux reprises que comptaient son set: un Helpless (Neil Young) parcourus d’oiseaux noirs et un Oh Father (Madonna) qui ouvrit le rappel réclamé à corps et à cris par un public conquis. Autre moment particulièrement fort, l’envol progressif de Hood, chef-d’œuvre de songwritting à classer avec Girlfriend In A Coma, Ballade de Melody Nelson et Mercedes Benz au rayon des merveilles miniatures de la musique contemporaine (deux minutes tout pile pour la capuche qui nous intéresse).

C’est donc avec le sentiment d’avoir assisté au concert très spécial d’un personnage ne l’étant pas moins que j’ai pris congé d’un Café de la Danse où les montagnes brunes de l’arrière scène se dressaient toujours au lointain, exactement aussi distantes qu’au moment de l’ouverture des portes. Sauf que, sauf erreur de ma part, nous étions maintenant de l’autre côté.